Le Guide Robert Parker
En décembre 2012 un coup de tonnerre s’abat sur le monde du vin : Rober Parker, le critique roi capable d’influencer les prix du marché démissionne. C’est à un investisseur de Singapour, importateur de vins, qu’il revend sa célèbre lettre : The Wine Advocate. Pour mieux comprendre reprenons l’histoire depuis le début.
I/ Un peu d’histoire
C’est en France, en 1967 que tout commence. D’après la légende, alors qu’il passe un séjour à Strasbourg, Robert Parker se décide à prendre un simple vin de table moins cher qu’un Coca Cola. Ce fut là la révélation de toute une vie. Depuis l’homme revient chaque année passer ses vacances en France de vignoble en vignoble. Il importera sa nouvelle passion dans sa patrie natale où il créera dans son université de Baltimore un groupe de dégustation.
Alors qu’il est avocat, il emprunte en 1978 2000$ à sa mère afin de créer sa petite revue qui deviendra plus tard la célèbre The Wine Advocate.C’est en 1982 que tout va changer. Cette année là le millésime Bordelais est difficile et beaucoup de critiques préfèrent réserver leur avis. Robert Parker, quant à lui prédit très tôt une des plus grandes années. Finalement ses prévisions se sont avérées exactes. Immédiatement sa notoriété monte en flèche auprès des amateurs et professionnels du vin du monde entier. Les demandes d’abonnement à The Wine Advocate vont exploser et son unique rédacteur peut alors abandonner son poste d’avocat afin de faire de sa passion son métier. Depuis le guide parait tous les deux mois et possède aujourd’hui 50 000 abonnés.
II / Le guide Parker : mode d’emploi
Ce qui fera également la popularité de ce guide c’est son système de notation simple, universel et accessible à tous. Il donne à chaque vin une note allant de 50 à 100 complétée par un commentaire de dégustation très détaillé.
Lors de sa notation il suit un barème bien précis : 5 pts pour la robe, 15 pts pour le bouquet, 20 pts pour la bouche et les 10 derniers pts vont pour le potentiel d’évolution.
• De 50 à 59 le vin présente de gros défauts et est jugé inacceptable.
• De 60 à 69 le vin est toujours en dessous de la moyenne, il présente des défauts qui en font un vin très moyen.
• De 70 à 79 il est dans la moyenne mais il manque toujours de complexité
• De 80 à 89 on a un vin jugé bon et présentant des parfums intéressants
• De 90 à 95 nous sommes sur un vin d’une grande complexité
• De 96 à 100 il s’agit là d’une cuvée exceptionnelle
Ce guide séduit tout le monde : alors que certains ne jure que par les notes données par Parker qui permettent une évaluation plus claire pour d’autres ce sont ses commentaires de dégustation très complets et très détaillés qui font sa réputation
III/ L’influence Parker
Aujourd’hui, la réputation de Parker est telle qu’elle peut avoir une influence directe sur le prix du vin. Son guide peut devenir un véritable outil spéculatif. Une bonne note pourra faire exploser le prix d’un tandis qu’une mauvaise le fera diminuer, pouvant aller parfois jusqu’à 30%.
Le phénomène est tel que certains producteurs sont allés jusqu’à modifier leur vin afin qu’il corresponde d’avantage aux gouts de Parker et le critique a clairement sa préférence pour des vins du type Bordeaux rouges : « riches », « complexes », « intenses ». Les vignerons ont tendances parfois à oublier ce qui fait la typicité de leur vin en recherchant à faire un produit « parkerisé ».
Son guide a entrainé un nouveau mode de consommation : certains consommateurs ne jurent plus que par ses notes.
On reproche également qu’aucun autre grand critique n’est là pour contrebalancer.
IV/ La fin d’un règne ?
30 ans après, Robert Parker démissionne et revend The Wine Advocate à un investisseur à Singapour. Le format papier est délaissé pour le numérique, et la publicité y fait son entrée.
Que l’on soit fan ou détracteur une question se pose alors : qui sera capable de remplacer Robert Parker ?